Sophie Boulanger sait s'entourer

 

8 février 2022 - Sophie Boulanger a révolutionné le marché des lunettes de vue en proposant des montures abordables et tendance. Pour atteindre cette place enviable dans le secteur de la lunetterie, elle a su conquérir une nouvelle clientèle en misant sur le numérique et sur des boutiques très nichées. 

Entrevue de Isabelle Maréchal 

Texte de Elizabeth Cordeau Rancourt 

 
 

Pourquoi la lunetterie ?

Cette idée a germé en 2005, mais j’ai attendu avant de la concrétiser. Mes premières années sur le marché du travail ont été consacrées au commerce de détail, puis j’ai complété une maîtrise dans ce domaine. J’ai fait un travail sur le groupe européen Luxottica, leader mondial dans la fabrication et la distribution de montures de lunettes. C’est à ce moment que je suis tombée dans l’univers de la lunetterie. J’ai compris comment l’industrie était structurée. Quelques années plus tard, le projet me trottait encore en tête alors je me suis lancée en ne pensant pas plus loin que six mois à l’avance. Onze ans plus tard, j’y suis toujours. 

Pour lancer un tel projet, ça prend des investisseurs. 

Nous avons élaboré un plan d’affaires pour les banquiers et les différents programmes de bourses. Nous n’avons jamais obtenu d’argent avec ces programmes, mais ça nous a obligés à réfléchir aux objectifs et à concrétiser le projet. 

J’ai été très chanceuse dans mon parcours avec les investisseurs. Dès le départ, nous avons eu l’aide d’Anges Québec. Cet organisme est très important puisque peu de groupes d’investisseurs structurés s’intéressent aux entreprises en développement. Leur contribution a été très significative pour BonLook. Puis, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Éric Phaneuf de chez Walter Capital, une compagnie familiale de Montréal, qui nous a donné les moyens de nos ambitions, tant financièrement que sur le plan des réseaux de contacts. À partir de ce moment, nous sommes passés de 3 à 36 magasins et le chiffre d’affaires a explosé. 

Actionnariat: “On a souvent des discussions franches et nous avons établi une convention d’actionnaires claire dès le départ. Toute la famille est investie dans l’entreprise et ça fait partie de notre succès puisque nous avons les mêmes valeurs, en plus d’un grand respect l’un pour l’autre.” - Sophie Boulanger

Le modèle BonLook est arrivé comme une innovation sur le marché commercial. En quoi était-il différent de l’offre traditionnelle ?

L’industrie de la lunetterie accusait un retard technologique, alors que l’ADN de BonLook repose sur une stratégie numérique. Pour nous, la vente en ligne, c’est un canal de distribution à ne pas négliger. C’était aussi la façon la plus efficace et la plus économique d’évaluer s’il y avait de l’appétit sur le marché pour notre modèle d’affaires. Ce qui est véritablement nouveau, c’est qu’en opposition aux détaillants multimarques, nous sommes notre propre marque et nos produits sont développés à l’interne. Il y a donc moins de couches dans le réseau de distribution et c’est ce qui nous permet d’offrir des prix très compétitifs. 


Ton frère, Louis-Félix Bélanger, est aussi ton partenaire d’affaires. Comment se déroule cette collaboration ?

Nous avons souvent des discussions franches et nous avons établi une convention d’actionnaires claire dès le départ. Toute la famille est investie dans l’entreprise et ça fait partie de notre succès puisque nous avons les mêmes valeurs, en plus d’un grand respect l’un pour l’autre. 

BonLook a récemment été vendue à FYidoctors. Qu’est-ce que ça représente pour la croissance de l’entreprise ? 

Nous avions besoin d’un partenaire stratégique pour continuer de croître à la hauteur de nos ambitions. Mon frère et moi devenons actionnaires de FYidoctors et l’équipe reste en place à Montréal. Dans les prochaines années, nous souhaitons doubler la taille de l’entreprise au Canada. Pour BonLook, c’est le début du 3e chapitre de notre croissance. 


Est-ce que cette vente te rend indépendante de fortune ? 

Je n’arrêterai pas de travailler, parce que c’est ce qui me motive, mais je pourrais le faire. 

Quel conseil donnerais-tu à un jeune entrepreneur ? 

Il faut sans cesse cultiver son réseau. Toutes les rencontres que nous faisons peuvent être bénéfiques à un moment ou à un autre. C’est un ancien collègue universitaire qui m’a présentée à M. Phaneuf de chez Walter Capital. J’ai côtoyé plusieurs femmes dans le réseau des affaires, puis deux d’entre elles – Anna Martini et Josée Perreault – sont devenues mes mentors et ont investi dans BonLook. Elles sont d’ailleurs toujours membres du conseil d’administration de la compagnie. 

C’est vraiment important de bien s’entourer. Il ne faut pas hésiter à aller frapper aux portes. Les entrepreneurs aiment qu’on leur demande conseil. 

Ce texte est extrait des entrevues réalisées pour la série balado de Premières en affaires.

 

EN BREF

Rang au Palmarès des entreprises au féminin | moyennes entreprises 

Chiffre d’affaires | 10 à 50 millions de dollars 

20 années d’existence 

20 employés