Les municipalités au coeur d'une nouvelle normalité

Suzanne Roy est la nouvelle présidente de l’Union des municipalités du Québec. Mairesse de la municipalité de Sainte-Julie, elle a présidé l’UMQ entre 2014 et 2016. Elle a repris officiellement les rênes, après que son prédécesseur Alexandre Cusson ait démissionné pour se lancer dans la course à la chefferie du Parti Libéral du Québec. Marie Grégoire s’est entretenue avec elle alors que les municipalités sont au centre de la gestion de la crise de la COVID-19.


 
Suzanne Roy préside l’Union des municipalités du Québec.

Suzanne Roy préside l’Union des municipalités du Québec.

Qu’est ce qui change en gestion municipale à l’ère de la COVID-19?

C’est une crise vraiment différente de tout ce qu’on a connu auparavant. Avec cette pandémie de COVID-19, on vit tous les effets d’une crise, mais de manière différente. Contrairement aux inondations ou à d’autres types de crises, personne de l’extérieur ne peut apporter un soutien ou un relais car tout le monde est touché. La solidarité ne peut pas se manifester de la même façon. Si la cause est la même, l’impact est différent selon les régions. La région métropolitaine de Montréal a été frappée de plein fouet. Les commerces et les petites entreprises pourraient faire faillite parce que le confinement aura été plus long. Dans le manufacturier, les défis sont d’ordre logistique. Dans chaque région, la perte financière est de nature différente. En Gaspésie, les pertes dans le secteur du tourisme vont entraîner un ralentissement économique sans précédent. Dans les villes où il y a des aéroports, les pertes de revenus sont énormes. Le transport collectif, dans les 10 grandes villes de la métropole, va subir des pertes importantes. L’itinérance est aussi un problème dans ces grandes villes car il faut contrôler la contagion dans les milieux plus vulnérables.

Comment trouver l’équilibre entre la pression économique et l’apaisement de la peur de la contagion dans les régions qui sont moins touchées?

Les maires doivent réussir à agir sur tous les fronts. Il y a d’un côté, la volonté de dé-confiner pour la relance des commerces. Mais les élus doivent aussi faire face aux demandes des citoyens qui ont peur de la contamination. C’est dans cette situation particulière que le gouvernement de proximité prend tout son sens. Les maires communiquent sur les réseaux sociaux. Ils ont beaucoup d’interactions avec les citoyens et les entreprises. Ces liens sont essentiels. Et les municipalités aident en faisant preuve de flexibilité. On autorise, par exemple, l’usage de l’espace public pour que les restaurants puissent appliquer les mesures sanitaires et pour encourager la reprise. Les maires expliquent ces mesures et toutes les étapes aux entreprises et aux citoyens.

La flexibilité est de mise car les municipalités font face à des défis budgétaires considérables. On repense, par exemple, l’aménagement du territoire à cause des mesures qui s’imposent. Le télétravail est une nouvelle réalité, qui se pratique de deux à quatre jours par semaine. Et c’est fonctionnel. On a réussi à aménager une bibliothèque sans contact, par exemple. Si cette agilité perdure après la crise, ce sera un atout.



Les grandes villes ont fait appel au fédéral pour financer un fonds de secours. Comment respecter le partage des compétences dans ce contexte?

On a besoin d’un fonds de secours pour compenser les pertes financières des villes. On ne veut pas avoir à faire face à un débat constitutionnel pour que ce financement se concrétise. Le fédéral doit contribuer au fonds de secours car la situation est exceptionnelle. Au niveau du logement social, la concrétisation de l’entente en cours de négociation entre le fédéral et le provincial pourrait aider des municipalités. Même en région, il y a des enjeux de logement. Il faut pouvoir soutenir les villes car la province ne pourra pas faire face sans l’aide du fédéral.


On a beaucoup parlé de la manière dont Angela Merkel, chancelière de l’Allemagne, et Jacinda Ardern, première ministre de la Nouvelle-Zélande, ont géré la pandémie. Est-ce que les femmes ont un mode de gestion différent?

 

Les femmes se démarquent toujours en politique. Ensemble, les hommes et les femmes prennent de meilleures décisions. Nos différences de perspective deviennent une force. Je le vois à l’Union des municipalités du Québec, car nous avons atteint la zone paritaire au sein de l’exécutif. Les hommes veulent donner leur appui quand des candidatures féminines se manifestent. Les maires veulent que des femmes soient nommées à des postes stratégiques. C’est un vent de changement qui fait toute la différence dans la prise de décision.


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