Innovation: les bonnes intentions ne suffisent pas

 

Isabelle Le Ber dirige l’École d’Entrepreneurship de Beauce.

14 février 2023 - L’innovation est maintenant l’avenue privilégiée par les entreprises du Québec pour contrer la pénurie de main-d’œuvre. C’est ce que révèlent les résultats d’un récent sondage de Léger.

Sur toutes les lèvres depuis quelques années, l’innovation fait certainement partie des préoccupations des entrepreneurs. Et si vraiment 79 % de ceux-ci disent y accorder de l’importance, laissez-moi vous présenter ce que cela devrait vraiment signifier. D’abord, posons-nous trois questions fondamentales. Innovons-nous vraiment en 2023 ? Est-ce suffisant pour notre économie ? Et, dernière question qui me brûle les lèvres depuis un bon moment, comment fait-on pour innover quand nos organisations ont tellement de besoins ?

Avec le manque de main-d’œuvre, la pénurie de certains produits et une chaîne d’approvisionnement perturbée, les priorités s’avèrent de plus en plus limitées. Je ne suis pas en train de vous dire que l’innovation n’est pas importante ; au contraire. Cependant, pour y arriver, le dire n’est pas suffisant. Yves Pigneur, auteur de The Invincible Company, a posé la question suivante lors d’un atelier à Montréal : combien d’heures consacrez-vous chaque semaine à l’innovation ? Sa réponse : si c’est moins de deux jours, ce n’est pas assez. Plus encore, il ajoute que si l’innovation ne relève pas du chef, ce n’est pas pertinent. Et si vous n’avez pas de comité ou de programme pour éliminer les mauvais projets d’innovation, son opinion est la même.

Pas très agréable à entendre n’est-ce pas ? Comme leader, avons-nous deux jours par semaine à mettre à notre agenda ? Manifestement pas ! Cela dit, je me suis imposé une période de deux heures tous les lundis pour réfléchir à l’innovation. J’ai aussi une ressource qui s’occupe de l’innovation à l’EEB, mais qui ne relève pas de moi, et un comité qui évalue les occasions d’affaires et les nouveaux projets. Cela ne correspond pas exactement à ce qui est mentionné plus haut, mais c’était indispensable pour nous d’introduire ces éléments dans notre organisation. En plus de mettre l’innovation à l’ordre du jour, deux autres sujets cruciaux ont été abordés : exceller dans nos opérations et placer les bons joueurs pour innover – les joueurs des secteurs opérationnels ne sont peut-être pas taillés pour la tâche ; ça nécessite d’autres ressources, avec d’autres attributs.

Alors, par où commencer ? Avancez petit à petit, mais avancez vers une culture d’innovation. Le statu quo est impensable. Vous avez un mois ou deux pour préciser et amorcer votre démarche vers une culture d’innovation. Et je dis bien « culture », car vous aurez besoin de gens, de structure et d’une volonté de fer. Réfléchissons, pour conclure, à cette expression qui en dit long : « Les opérations payent les salaires, l’innovation paye la pension. »


Apprendre, une aptitude essentielle

17 janvier 2023 - Je me présente, Isabelle Le Ber, présidente-directrice générale de l’École d’Entrepreneurship de Beauce. Je suis originaire de la Rive-Sud de Montréal, mais j’habite la Beauce depuis 1997. Je me décrirais comme une femme audacieuse, exubérante et imaginative. Par-dessus tout, j’adore apprendre. Je ne refuse jamais une occasion d’apprendre.

Saviez-vous que c’est l’une des forces des entrepreneur·e·s ? Toujours apprendre pour s’améliorer. Au Canada, près de 1,2 million de petites et moyennes entreprises (PME) cherchent à croître dans les trois prochaines années. Je suis convaincue qu’apprendre en continu peut mener à la croissance. Pensez-y : apprendre sur soi, apprendre des autres, apprendre sur son marché, apprendre à innover et plus encore.

« Dans le contexte actuel, qu’on pourrait qualifier de difficile, la soif d’apprendre, de s’inspirer des meilleures pratiques et de s’entourer permet aux entrepreneur·e·s de relever les défis. » - Isabelle Le Ber

La valeur de l’apprentissage

Comme entrepreneur·e·s, on sort des sentiers battus, on essaie, on tombe, on s’adapte et on se relève. Savoir apprendre au fil de notre parcours nous permet de nous mesurer à la concurrence, de progresser et de nous développer. Comme en éducation, il n’y a pas de croissance sans apprentissage et une des premières qualités d’un·e leader est la volonté et la capacité de saisir toute occasion d’apprendre.

il n’y a pas de croissance sans apprentissage et une des premières qualités d’un·e leader est la volonté et la capacité de saisir toute occasion d’apprendre

- Isabelle Le Ber

La vie d’un·e entrepreneur·e est loin d’être un long fleuve tranquille. Dans le contexte actuel, qu’on pourrait qualifier de difficile, la soif d’apprendre, de s’inspirer des meilleures pratiques et de s’entourer permet aux entrepreneur·e·s de relever les défis.

Mais apprendre exige beaucoup d’humilité, de résilience et de temps. C’est une aptitude qui se travaille et se perfectionne ; plus on la pratique, meilleur on devient. Un·e leader, c’est aussi un être humain en grande transformation, qui se remet constamment en question afin d’être plus agile. Cette constante agilité peut parfois causer des déséquilibres et il n’est pas toujours évident de garder le cap quand la pression est forte.

Entrepreneur·e, pas funambule

On voit souvent sur les médias sociaux des énumérations comme les 12 commandements pour être un·e bon·ne leader. C’est bien beau sur papier, mais si je vous disais que le déséquilibre, c’est aussi ce qui permet d’apprendre ? N’essayez pas d’être des funambules et osez tomber pour mieux vous relever. L’erreur fait partie des apprentissages des grand·e·s leaders de ce monde.