Capital Femmes: Investissement Québec mise sur les entrepreneures

 

13 décembre 2022 - Les entreprises fondées, cofondées ou dirigées par des femmes, ont recueilli 64 % des 2,1 milliards de dollars investis en capital de risque et de développement par les fonds partenaires d’Investissement Québec, soit 1,3 milliard. Ce nombre a presque doublé depuis 2021.  C’est ce que constate Investissement Québec (IQ), qui publie la deuxième édition de Capital Femmes.

L’indicateur démontre que les sommes consenties ont bondi de 12 % depuis la création des fonds l’an dernier. La représentation féminine à la direction des fonds et des entreprises au stade du capital de risque et de développement est aussi en augmentation au Québec depuis six ans. Pour les fonds de capital de risque seulement, 444 M$ sur les 669 M$ investis pour l’exercice 2021-2022 l’ont été dans des entreprises québécoises fondées ou dirigées par des femmes, soit 66 %. Pour les fonds de capital de développement, c’est 63 %, une hausse considérable comparée à 45 % en 2020-2021. Les entreprises fondées ou dirigées par des femmes ont reçu 893 M$ sur les 1,4 G$ investis en 2021-2022. Ce deuxième coup de sonde permet en outre d’apprendre que 32 % des entreprises québécoises ayant reçu un investissement entre 2016 et 2022 étaient fondées, cofondées ou dirigées par une femme. Bicha Ngo, première vice-présidente exécutive, Placements privés chez Investissement Québec, fait le point sur les derniers chiffres de l’indicateur.

Bicha Ngo est première vice-présidente exécutive, Placements privés chez Investissement Québec.

Pourquoi avez-vous implanté l’indicateur Capital Femmes et quelles sont les évolutions qui se mesurent depuis l’an dernier ?

C’était important pour nous que les entreprises qui sont détenues, gérées ou fondées par des femmes reçoivent le financement nécessaire. On a commencé l’exercice quand on a fait notre plan stratégique 2020-2023. Ce n’était pas un indice qu’on mesurait vraiment auparavant. En 2020, 12 % de nos interventions financières étaient dans des entreprises détenues par des femmes ou comptant des femmes à la haute direction. Le but, c’est d’augmenter ce pourcentage à 15 % en 2022 et à 18 % en 2023. Pourquoi ces cibles ? Parce qu’en moyenne, 16 % des PME du Québec sont détenues par des femmes. On voulait s’assurer d’atteindre et de dépasser cette proportion. Pour l’année en cours, qui se termine en mars pour nous, on est aux alentours de 16 %. C’est une super belle progression. Les entreprises fondées ou gérées par des femmes reçoivent plus de capital et continuent d’en recevoir plus. C’est comme si une fois qu’elles ont eu des capitaux, elles ont été capables de croître. Les fonds croient en elles et en leurs entreprises et réinjectent de l’argent en investissant des montants plus importants. C’est vraiment encourageant.

«  Le but, c’est d’augmenter ce pourcentage à 15 % en 2022 et à 18 % en 2023. Pourquoi ces cibles ? Parce qu’en moyenne, 16 % des PME du Québec sont détenues par des femmes. » - Bicha Ngo, première vice-présidente exécutive, Placements privés chez Investissement Québec

On s’attendait à une progression, mais une augmentation de 12 % des dollars investis, c’est quand même exceptionnel. Nous verrons si ça se maintient. Il faudra creuser un peu plus aussi pour savoir si ce sont quelques transactions d’envergure qui ont affecté les chiffres.

 

Quel message souhaitez-vous envoyer aux gestionnaires de fonds avec cet indicateur ?

On voulait sensibiliser toutes les équipes, dont les directeurs de fonds qui sont sur le terrain, et les encourager à soutenir les entreprises détenues ou gérées par des femmes. Indirectement, on a investi dans des fonds qui, à leur tour, investissent dans des entreprises au féminin. À ce jour, IQ a investi dans 73 fonds. En tout, ça représente environ 10 milliards de dollars avec les autres partenaires et ça couvre à peu près 2 500 entreprises au Québec. C’est désormais un critère parmi plein d’autres, comme la performance, avec lequel on évalue nos fonds partenaires. On ne leur impose pas de cibles, parce qu’on veut surtout voir une progression. Je crois que cette sensibilisation aura un effet positif. Ça encourage d’autres entrepreneures à prendre leur place, à aller voir des fonds. C’est tout ce mouvement qu’on veut accélérer.

 

Pourquoi confiez-vous maintenant Capital Femmes au Réseau Capital ?

C’est vrai, on transmet la gestion de l’indicateur à Réseau Capital, l’association du capital d’investissement qui regroupe tous les intervenants de la chaîne d’investissement du Québec, pour les prochaines éditions. J’ai approché différentes institutions, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, pour leur demander de faire le même exercice que nous et de transmettre l’information à Réseau Capital afin qu’on ait un indice Québec. Le but, c’est de propulser l’indicateur dans l’écosystème québécois pour avoir un repère représentatif. Plus on sensibilise de gens, plus les effets se concrétiseront.


 

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Émilie Laperrière